Notre système de soins, longtemps vanté comme le meilleur au monde, s’effrite depuis plusieurs années pour en arriver aujourd’hui à un point de rupture. Le tout à cause des dernières décisions gouvernementales, passées en force à coup de 49.3, et alors que sont en cours les négociations conventionnelles avec l’assurance maladie qui régiront les 5 prochaines années. Citons : 

1. Une 4è année d’internat en désert médical, imposée sans encadrement clair, à des étudiants déjà épuisés par ces longues études au cours desquelles ils rapportent déjà 210.000 euros à l’Etat via les stages hospitaliers pas ou mal rémunérés. 

2. Un changement de rôle du médecin généraliste, qui deviendra coordinateur responsable d’une équipe de soins, regroupés dans des centres de santé qui ne feront qu’éloigner la médecine des patients, au détriment du temps de consultation, essentiel au diagnostic, au suivi et à une relation médecin-patient de qualité. Macron lui-même a déclaré lui-même que “l'exercice isolé doit devenir progressivement marginal, une aberration et finalement disparaître”. L’Agence Régionale de Santé, instance administrative en charge du système de santé, m’a dit lors de mon installation que je ferai de la “mauvaise médecine” en m’installant seul, et m’a refusé ses aides à l’installation. Stop à la politisation de la médecine ! Les médecins n’ont pas besoin d’eux pour faire leur travail.

3. La délégation de tâches, conséquence du paragraphe ci-dessus, avec certains professionnels (pharmaciens, kinés, infirmiers) n’ayant pas notre formation qui se chargeraient des cas estimés « simples » (tout en étant mieux payés que nous, on parle de 30 à 60€ pour les infirmiers de pratique avancée), nous laissant les plus « complexes » (mais toujours au même prix). La délégation de tâches devrait être à l’initiative du médecin, pour garantir votre sécurité, en toute responsabilité.

3. La rémunération, avec un acte de base bloqué à 25 € depuis plusieurs années malgré l’inflation, au profit de pseudo-forfaits créés pour améliorer la qualité des soins, mais qui ne sont aujourd’hui que des carcans administratifs. Là encore, pas de forfait pour moi, car je travaille seul, car je fais trop d’arrêt de travail papier et pas assez par informatique… Et au-delà de l’aspect financier, quelle reconnaissance pour notre travail ?

4. La charge administrative : chaque jour, c’est 1 à 2h de travail administratif, le midi et le soir, pour lire vos résultats, mais surtout en bonne partie pour contenter les exigences de la Sécu : c’est une aberration qu’il faut corriger pour permettre de libérer du temps médical ! De la même manière, il est proposé d’abolir les certificats inutiles dont les arrêts de travail courts (<72h) et d’avoir la possibilité de facturer les rendez-vous non honorés. 

5. Le risque de l’apparition d’une médecine à 2 vitesses : les choix politiques actuels ne peuvent conduire qu’à l’apparition de médecins déconventionnés (tarifs librement fixés et non remboursés par la sécurité sociale). Cela serait certes un recul pour l’égalité d’accès aux soins, mais serait ce le prix à payer pour continuer à prodiguer des soins de qualité ?

Voici les principales raisons qui poussent les médecins à faire grève, pour défendre un système où nous pourrons vous soigner efficacement tout en gardant ce lien médecin-patient qui fait le cœur de notre métier : c’est pour vous et votre santé que nous nous battons ! 

Après avoir fermé le 26 décembre, puis le 2 janvier suite à une réquisition pour le wek-end du 31 décembre, le cabinet sera à nouveau fermé le mardi 14 février 2023. J’espère que vous comprendrez ce choix, et reste disponible pour en discuter et en débattre. N'hésitez pas non plus à solliciter les instances sus-citées (Assurance Maladie, ARS...) ou nos dirigeants politiques, qui sont les seuls responsables de la situation, pour leur faire part de votre soutien.

Ci jointe la pétition créée pour soutenir le mouvement : https://www.change.org/p/tous-unis-pour-sauver-votre-sant%C3%A9-en-p%C3%A9ril

Bien à vous,

Dr Maxime NIVON

Mis à jour le 13 Fév. 2023